Anticiper la pandémie

Sécurité et santé au travail

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Epidémie de covid19 protection des travailleurs
Édition du 14/03/2020 :

Le Président de la République annonce les premières mesures coercitives pour réduire les interactions sociales, l’application d’un confinement est imminente. Je suis content et fier que les abonnés à ma newsletter aient eu plus de 3 semaines pour se préparer. J’espère que chacun de vous saura tirer parti de cette situation et des actions proactives que vous avez mises en œuvre pour vous démarquer de vos concurrents.

Édition du 07/03/2020 :

Je tiens à vous mettre en garde contre la propagande de Murielle Penicaud et d’Élisabeth Borne. Leur tentative pour délégitimer le droit de retrait des salariés inquiets des risques que représente l’épidémie de Covid-19 est à la fois pernicieuse et très dangereuse.

En affirmant qu’il suffit que les entreprises appliquent les directives gouvernementales en matière de gestes barrières, qui à l’heure actuelle sont juste ridicules de naïveté, pour qu’elles soient prémunies de la mise en application du droit de retrait est grotesque. Elles commettent une terrible tromperie, qui met en danger les travailleurs et qui expose les employeurs à des poursuites judiciaires. Car si un salarié venait à être contaminé dans le cadre de son activité professionnelle, ce qu’il est maintenant possible de démontrer (voir exemple coréen d’analyse des déplacements à l’aide des smartphones) la responsabilité pénale du chef d’entreprise pourra être engagée. En particulier si l’infection du salarié conduit à son décès ou à une infirmité permanente.

Contre ces mystifications politiciennes, il est nécessaire de rappeler que la seule personne capable de juger de la légitimité du droit de retrait est le juge des Prud’hommes.

Je vous recommande de prendre contact au plus vite avec votre IPRP, ou à défaut un consultant en HSE, pour faire valider votre stratégie de prévention vis-à-vis du Covid-19.

Article original du 13/02/2020 :

L’épidémie de Coronavirus, plus précisément de SARS CoV-2 qui touche actuellement l’Asie va atteindre l’Europe dans les semaines à venir. En plus d’impacter nos habitudes sociales et notre système hospitalier, le risque est grand que l’activité économique de notre pays soit profondément malmenée. Si nos dirigeants affirment que notre structure sanitaire est prête à accuser le coup de cette crise, je pense, aux vues des éléments que je détiens, qu’il est urgent d’en douter. Les limites de nos infrastructures hospitalières, de nos ressources sanitaires et notre faible discipline sociale font de cette pandémie un danger gravissime pour notre pays.

Malheureusement, pour ne rien arranger, les discours des politiques et des experts médiatiques montrent qu’ils surestiment grandement nos capacités tout en sous-estimant la mesure du danger. Pire, les seules mesures efficaces sont négligées et moquées. Le leitmotiv de nos dirigeants est de « Rassurer plutôt qu’informer ». Cela nous conduit à une impréparation générale.

En tant que dirigeant, comment puis-je protéger mes salariés et mon entreprise dans un contexte de pandémie ?

Préparer son entreprise

Pour mettre en place des mesures de prévention, il est nécessaire de faire une évaluation préalable des risques pour chacune de vos activités. Les résultats devront être intégrés à votre document unique d’évaluation des risques (DUERP).

La littérature scientifique en France est pour l’heure très faible, même inexistante, et les informations distillées par les médias doivent faire l’objet d’une méfiance accrue. En attendant que l’ANSES et l’INSERM ne publient leurs préconisations, je considère la nature des risques en m’appuyant sur les études menées par l’OMS, le CDC (USA), la Corée du Sud, le Japon et la Chine. J’admets une vigilance particulière à l’égard des données chinoises et de celles de l’OMS dont la proximité avec Pékin fait naitre de sérieux doutes sur son impartialité.

En compilant ces données, ce que nous pouvons dire du SARS-CoV-2 au 13 février 2020

Le SARS-CoV-2, est un virus respiratoire de la famille des Coronavirus, il développe chez son hôte une forme de grippe pulmonaire induisant des infections respiratoires mortelles. Si pour 80% des sujets la maladie se déclare de façon bénigne, avec une proportion d’asymptomatiques probablement très élevée, mais non chiffrée, elle nécessite une hospitalisation pour 20% des malades et le recours à une assistance respiratoire pour 5% des cas.

Le taux de létalité est évalué entre 3,5 et 4.5% avec une forte variabilité selon les tranches d’âges. On compte ainsi une létalité de 0.1% chez les moins de 50 ans, puis 0.5 % chez les 50-59 ans, 2.5 % chez les 60-69 ans, 8.6 % pour la tranche d’âge des 70-79 ans et un taux de 15.5 % chez les plus de 80 ans. Certaines pathologies de santé semblent particulièrement influer sur le potentiel de décès, on notera comme facteur de risque connu : le diabète, l’hypertension, l’obésité, les antécédents cardiaques et les pathologies pulmonaires. Ces données ne sont pas exhaustives, et je vous incite fortement à suivre les communiqués de l’OMS et des spécialistes internationaux.

La contagiosité est estimée entre 2.2 et 2.6 en Occident. Bien sûr, le R0 est variable selon les dynamiques sociales et culturelles des populations, la densité urbaine et les modes de vie, on notera qu’à Hong-Kong il est compris entre 3.3 et 3.5, mais que dans ce pays, bien préparé aux épidémies, la mécanique de progression de l’épidémie est pour le moment contenue.

Une étude coréenne montre que le coronavirus est aérotransmissible, qu’il pourrait rester en suspension dans l’air pendant quelques dizaines de minutes (jusqu’à 3h si t=20°C et hygro=60%) et être véhiculé sur 4 à 5m en espace clos. Les médecins coréens ont d’ailleurs établi un cas de transmission aérien entre 2 passagers distants de 4,5m dans un même bus.

Pour ce qui est des risques liés aux surfaces contaminées, le SARS-CoV-2 peut rester viable sur les surfaces pendant plusieurs jours. Évidemment, sa persistance varie en fonction des matériaux, des conditions de température et de l’hygrométrie, elle s’établit à 24h sur du carton et jusqu’à 3 jours sur du plastique ou de l’acier.

Concernant les données épidémiologiques, voici en vrac les informations nécessaires à la compréhension des dynamiques de propagation du SARS-CoV-2 :

Phase d’incubation : Durée médiane 5 jours [2 – 11 jours 99% des cas]

Phase symptomatique avant guérison : 22 jours [18 – 83 jours]

Phase symptomatique avant décès : 17 jours [14 – 22 jours]

Temps de contagiosité : Entre 8 et 37 jours

Construire une stratégie pour préserver les travailleurs et l’activité de l’entreprise

Il faut comprendre que durant cette séquence, vous allez devoir passer d’un mode de recherche de la performance à une dynamique de renforcement de la résilience. Votre préoccupation majeure ne sera plus d’améliorer le TRS, de raccourcir vos ROI ou de capter de la valeur ajoutée, mais, beaucoup plus prosaïquement, de maintenir votre activité à flot et de conserver à maxima votre niveau de CA actuel.

Si vous êtes familier des systèmes de management de la qualité, vous avez mis en place l’approche processus et fait l’évaluation des risques. Pour les plus performants, vous avez déjà élaboré votre plan de continuation d’activité et vous pouvez d’ores et déjà informer vos clients de vos capacités de production en mode dégradé. Pour anticiper ce qui vient, vous allez constituer vos stocks de matières premières et jusqu’à 3 ou 4 semaines d’autonomie sur vos entrants de degrés A, B et C. Cette stratégie vous offrira du temps pour trouver des alternatives à vos fournisseurs traditionnels en cas de rupture d’approvisionnement.

Si vous n’avez pas de politique qualité, vous devrez au plus vite identifier les prérequis essentiels des processus de réalisation (flux entrants/sortants, ressources, machines/équipements, process, etc.) et analyser leurs disponibilités pour construire une stratégie de maintien de l’activité. Il vous faudra aussi prendre contact avec vos fournisseurs et vos clients pour effectuer une refonte des capacités et des besoins. Les processus de management et de supports pourront bénéficier d’une stratégie spécifique incluant le travail à distance. L’enjeu essentiel étant de matérialiser une étanchéité entre les différents processus et en particulier entre la production et le reste de l’entreprise. Malheureusement en l’absence d’un système de management de la qualité, vous allez traverser une phase d’incertitude, dans laquelle il vous faudra en même temps renforcer considérablement votre organisation du travail et la prévention des risques professionnels.

Pour vous aider, voici les mesures que je préconise à adopter d’urgence et à intégrer à votre document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Les actions de prévention et de protection sont classées selon les 3 piliers de la sécurité :

Note : Il est évident que sans l’appui d’un IPRP vous allez avoir beaucoup de difficultés à obtenir un résultat probant, mais lorsque le temps presse et que la survie d’une entreprise et de ses salariés est en jeu, il n’est plus temps de rechercher l’excellence. Contentez-vous d’actions opérationnelles simples et rapides à déployer. Si vous avez besoin de conseils ou d’informations complémentaires, je suis joignable gratuitement par téléphone, tant que cela reste dans la limite du raisonnable.

Les mesures organisationnelles

Intensifier le nettoyage : La fréquence de nettoyage doit être augmentée, en tenant compte du nombre de salariés et des rotations. Les surfaces de contact à usage collectif telles que les poignées de porte et les boutons d’ascenseurs doivent être aseptisées toutes les heures. Les postes de travail quant a eux doivent être nettoyés à chaque changement de poste.

Le nettoyage peut se faire avec :

  • Alcool à 70°.
  • Solution à base d’eau de javel à 5%, plus efficace que l’alcool, mais très oxydant et caustique pour la peau, les muqueuses et les matériaux. Limiter l’usage aux personnes formées.
  • Lingettes détergentes-désinfectantes virucides (Norme EN 14476).

Proscrire la promiscuité et les rassemblements : Les réunions en présentiel doivent être annulées et reportées. Si elles sont quand même indispensables et qu’elles ne peuvent être réalisées à distance, il faudra veiller à ce que les participants se tiennent éloignés les uns des autres. Maintenir une distance de 3m serait idéal, lorsque cela n’est pas possible, il faudra veiller à conserver 1.5m entre chacun et à aérer la pièce. Avant et après la réunion, les surfaces doivent être désinfectées (table, pupitre, matériel de présentation, etc.).

Note : Pour les locaux dédiés à la restauration ainsi que les salles de repos. Il est nécessaire de limiter la présence humaine en fonction des capacités d’accueil et en respectant la distanciation sociale. Lorsque c’est possible, il faut étendre la plage horaire dédiée à la pause méridienne et échelonner les repas.

Encourager les gestes d’hygiène : L’employeur doit s’assurer que le personnel a à disposition les équipements nécessaires à garantir une bonne hygiène. Les sanitaires doivent disposer de savon liquide en quantité suffisante et le réapprovisionnement doit être régulier. Les travailleurs non sédentaires peuvent être dotés en flacons de gel hydroalcoolique. Des aménagements doivent être prévus pour que les salariés puissent se laver régulièrement les mains, en particulier à leur arrivée, après les pauses et entre chaque changement de poste.

Limiter les déplacements et les interactions : Que ce soit dans le périmètre de l’entreprise ou à l’extérieur, par exemple chez vos clients, il faudra réduire à l’essentiel les interactions humaines. Sur les lignes de production, les plannings seront élaborés de sorte à ce que les travailleurs changent le moins souvent possible de postes de travail. De la même manière les échanges physiques (documents, rapports, bons de livraison, etc.) seront réduits au stricte nécessaire lorsqu’une solution dématérialisée n’est pas envisageable.

Vérifier vos capacités de travail à distance : Pour les entreprises qui ne sont pas familières du télétravail, assurez-vous que vos salariés sont correctement équipés pour réaliser leurs missions depuis leurs domiciles. La vérification doit porter sur le hardware et le software, n’oubliez pas non plus de vérifier les capacités d’accès à distance (Abonnement 4G, accès VPN, etc.) ainsi que la capacité de charge de votre serveur. Dans l’immédiat, déployez les outils nécessaires à l’organisation des visioconférences (Skype, Teamspeak, Google Hangouts…) ainsi qu’un outil collaboratif de planification des taches, du type Trello.

Les mesures techniques

Appliquer les mesures barrières : Que ça soit serrer la main ou faire la bise, ces gestes qui font partie de nos traditions et de notre éducation, sont par ailleurs parmi les pires vecteurs de transmission. Durant toute la durée de cette crise sanitaire, il sera nécessaire de les proscrire. De même, les pauses café, les afterworks, les conversations informelles dans les couloirs, et de manière générale les moments de cohésion devront être limités autant que faire se peut.

Adopter les masques de protection : Le port du masque est le moyen le plus efficace pour ralentir la propagation d’une épidémie. Si en environnement maitrisé (périmètre d’une usine, pas de visiteurs extérieurs…) le plus pratique est de faire adopter par chacun un masque de type FFP1 (masque chirurgical). Pour les travailleurs à risque, c’est-à-dire ceux qui sont au contact du public ou des clients, qui eux ne seront pas forcément dotés de masques, le plus sûr est de faire porter un masque de type FFP2.

Note : Les masques de type FFP2 sont plus efficaces contre le risque de transmission, mais leur capacité à filtrer l’air rend très fatigant son port. En absence d’accord du médecin du travail, il doit d’ailleurs être proscrit pour les travailleurs exerçant une activité physique ou particulièrement éprouvante, du type port de charge.

Note 2 : Les masques sont pour l’heure encore disponibles chez les fournisseurs d’EPI, mais le risque est majeur qu’ils soient incessamment sous peu en rupture d’approvisionnement. Vous pouvez prévoir un stock en considérant qu’il faut 3 masques par personne et par jour, ou vous orienter vers les masques réutilisables. Ces derniers sont plus chers et nécessitent une logistique plus complexe, mais ils sont aussi plus confortables à porter. Il faut escompter 5 masques par personne pour assurer le temps de lavage nécessaire. L’organisation du lavage doit être explicitée, qu’il en soit de la responsabilité du salarié lui-même ou de l’entreprise.

Mettre à disposition des gants : Les gants jetables sont particulièrement adaptés pour les travailleurs non sédentaires. En particulier lorsqu’ils qui doivent exécuter une mission chez un client, qu’il soit particulier ou professionnel. Dans le même temps, il faudra définir une méthodologie d’utilisation, un protocole, en fonction des activités. Il doit être simple, expliqué, compris et appliqué avec rigueur.

Les mesures humaines

Informer les travailleurs : Par notre approche proactive d’anticipation de la pandémie, nous sommes contraints de faire le travail d’information que les médias n’ont pas fait. Médias qui ont même un discours contre-productif en niant ou en minimisant les risques. L’important est de tenir un discours simple, orienté sur les pratiques opérationnelles et les adaptations nécessaires. Il faut montrer que la situation reste maitrisée et que la direction est ouverte à la contradiction et au dialogue. Vous devez mettre en avant votre volonté de préservation de la santé des salariés et ne pas hésiter à leur demander une vigilance accrue même en dehors de l’entreprise.

Sensibiliser aux gestes barrière et à la distanciation sociale : Un discours clair est essentiel. Il sera complété par des démonstrations, de l’affichage et des notes explicatives. Les cadres devront impérativement montrer l’exemple.

Former aux mesures d’hygiène : Lorsque vos protocoles sont complexes, il vous faudra faire la démonstration des nouvelles méthodes. En particulier pour les salariés les plus exposés.

Être à l’écoute des interrogations : Il est conseillé d’ouvrir un canal d’information, ou une cellule d’écoute pour permettre aux travailleurs d’exprimer leurs interrogations ou des pistes d’amélioration. Encourager l’implication et faciliter le dialogue reste un impératif du management.

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